« Une parfumerie, une passion, une collection : HOUBIGANT »

Deux histoires dans l’Histoire.
Celle d’une des plus anciennes marques de parfumerie française, Houbigant, et celle de collectionneurs, mari et femme, qui mènent une enquête passionnante depuis de nombreuses années pour en démêler sa complexité.
De manière chronologique de 1752, avec la naissance de son fondateur, à 1985, avec l’essai du parfum relancé Quelques Fleurs l’Original, c’est 7 grandes périodes que nous traversons en dévoilant ses dirigeants, ses créations, ses nez et ses secrets.

En 1775, un jeune parfumeur du nom de Jean-François Houbigant ouvre une boutique à l’enseigne « à la corbeille de fleurs », rue du Faubourg Saint Honoré, dans un nouveau quartier de Paris en pleine expansion. Un métier alors régit par la corporation des maîtres gantiers poudriers parfumeurs. A sa mort, en 1807, sa femme se remarie avec son commis, François Maguy, pour continuer à tenir boutique avant de vendre son fonds de commerce à Jean-Théodore Chardin, issu d’une lignée de parfumeurs reconnus.

Avec son neveu par alliance, Charles Nicolas Gabillot, ils vont chacun décrocher le titre de parfumeur attitré de la soeur de Louis Philippe 1er ainsi qu’une médaille à la première exposition universelle de Londres en 1851. La famille Gabillot père et fils perpétue le nom d’Houbigant tout au long du XIXème siècle où les articles restent simples et ressemblent encore à des produits pharmaceutiques. L’entrée dans l’ère industrielle se fait en 1881 avec l’arrivée de 2 nouveaux repreneurs aux compétences complémentaires, Alfred Javal (le commercial) et Paul Parquet (le nez). La parfumerie Houbigant s’en trouve dépoussiérée avec l’élagage de son catalogue, modernisée avec l’achat d’une usine à vapeur à Neuilly, valorisée avec l’obtention du titre de parfumeur de la cour de Russie.

La chimie organique va permettre à Paul Parquet de démultiplier ses talents artistiques en créant le parfum Fougère Royale, si cher à Guy de Maupassant. S’en suit la création du Parfum Idéal pour préparer l’exposition universelle de 1900 à Paris où le salon d’Houbigant, décoré par Alfons Mucha, est un véritable triomphe. A partir de ce moment-là, les nouvelles créations sont très souvent inspirées des personnes, des objets, des lieux qui font le quotidien de ses dirigeants. Fernand Javal succède à son père alors qu’un jeune chimiste Robert Bienaimé prend le relais de Paul Parquet et ne tarde pas à créer le parfum sensationnel : Quelques Fleurs.

Positionnée haut de gamme depuis ses débuts, Houbigant fait appel de nombreuses fois aux cristalleries de Baccarat ou de Lalique pour ses flacons qui sont toujours un mélange de modernité et d’allusion au passé tout en suivant les courants artistiques majeurs.

Le cent cinquantenaire est marqué par leur participation au salon des Arts décoratifs modernes avec leur création la plus fastueuse La Belle Saison. C’est aussi l’occasion de le fêter avec tout le personnel le 16 mai 1925 lors d’un banquet. En fins stratèges, les dirigeants impriment même un catalogue retraçant leur histoire, quelque peu romancée, dans lequel ils font passer le portrait d’un illustre inconnu pour celui du fondateur.
Ce sont la faible activité lors de la deuxième guerre mondiale et le changement de mentalité des années 50 qui font connaître les premières difficultés à la société. Les stratégies commerciales divergentes des directions française et américaine ainsi que la création de la sous-marque Cheramy au début des années 20 accélèrent sa chute.

Malgré tous leurs efforts et deux changements de raison sociale, la difficile mais nécessaire décision est prise de fermer le magasin historique du 19 de la rue du Faubourg Saint Honoré, de vendre et démolir l’usine de Neuilly. Ce n’est qu’au début des années 80 qu’un sursaut aura lieu avec Enrico Donati, peintre surréaliste et beau-frère de Fernand Javal, que d’autres parfums voient le jour dont Quelques Fleurs l’Original à l’origine de de leur collection.

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